Tombée du jour / Début de nuit au milieu des phlébotomes et des moustiques, petits rassemblements des crapauds perlés qui chanteront de manière soutenue pendant une heure ou deux avant de s'arrêter :

Rhinella_margaritifera

Des chants scandés avec une précision mécanique, qui enflent, s'éteignent et se rallument comme seuls les insectes savent faire :

Cigales_ou_Orthopteres

Un conte qui m'a été transmis par Serge, parachutiste à la retraite.

C'était un papillon parfaitement incolore et transparent. Si absolument transparent qu'il n'intéressait personne. "Regardez-moi, mais regardez-moi !" répétait-il, mais ses suppliques ne trouvaient pas d'écho. Méprisé, oublié, perdu, il choisit de disparaître pour de bon. Il entreprit de voler aussi haut que ses forces le lui permettraient. Il monta si haut qu'il approcha le Ciel qui savait son histoire, et s'en était ému.  Il toucha le ciel, s'y colla, et ses ailes se parèrent du bleu céruléen. Le Ciel lui confia : "Regarde-toi ! Désormais, si tu retournes parmi le monde, jamais plus tu ne laisseras quiconque indifférent." Et le Soleil pour l'encourager fit miroiter sa couleur.

Animé d'une fierté nouvelle, Morpho redescendit à la forêt. Et tous s'émerveillaient des fulgurances de ses battements d'ailes, tous cherchaient à l'approcher. A tel point qu'effrayé, il les referma, pensant ne plus jamais les ouvrir. Pourtant, pleins de convoitise et de curiosité, les yeux de la nuit se posèrent sur lui et au matin y restèrent, l'accompagnant pour qu'il n'ait plus jamais peur.

Nauclers à queue fourchue

7, puis 3 de plus, en lisière de forêt, en bordure de route, au niveau de la crique Soumourou. Il est 17h15, ils ont l'air d'être là depuis quelque temps déjà. Ils manoeuvrent pour attraper au vol dans leurs serres des coléoptères, des papillons et des libellules qu'ils grignotent ensuite rapidement toujours en l'air, en rabattant les serres vers le bec. Ils fientent en vol aussi. Ils semblent imités par une buse à gros bec qui teste plutôt timidement, cabotant d'un arbre à un autre.  L'heure paraît propice à la dispersion des insectes. 

Bientôt, très vite, il n'en reste plus que 3, puis 2. Je suis arrivée un peu trop tard.

+ Notharchus macrorhynchos

Je ne résiste pas au plaisir de partager ici le travail de mon collègue Arnaud Schimmel. C'est un hommage musical à la Guyane. Arnaud s'est inspiré des rythmes traditionnels : sampula, aléké, musique hmong, batucada, entre autre, et des chants d'animaux forestiers dont il disposait, pour composer cette rhapsodie. Une oeuvre foisonnante, pleine de pep's et de joie de vivre. A découvrir absolument.

L'info circulait activement hier, et l'étude a été validée le 1er septembre 2020 :  Robert C. Jadin & Al : "Not withering on the evolutionary vine: systematic revision of the Brown Vine Snake (Reptilia: Squamata: Oxybelis) from its northern distribution"

L'étude indique que le complexe Oxybelis aeneus abriterait 5 taxons. Oxybelis aeneus est très largement distribué : sud des Etats-Unis, Amérique centrale et sur une grande partie de l'Amérique du sud. Une nouvelle espèce pour ce complexe vient d'être décrite de Trinidad et Tobago : Oxybelis rutherfordi. Plus fou, exit notre prétendu Oxybelis aeneus guyanais, au profit de O. rutherfordi également.

Et une 2nde nouvelle espèce a été distinguée, présente au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua et au Salvador. Il s'agit d'Oxybelis koehleri.

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Mais ceux que j'ai déjà estampillés O. aeneus (= de cuivre, de bronze) sur mon blog, le resteront. Trop fiu de corriger, et c'est bien plus joli.

Fausto Starace dans son Guide des Serpents et Amphisbènes de Guyane, (1998) aux  Editions Ibis Rouge, indique 5 groupes géographiques pour les serpents de Guyane française  : 1) le groupe amazonien (bassin amazonien) qui comprend entre autre Corallus caninus, Imantodes lentiferus, Dipsas indica et Epicrates maurus, 2) le groupe caraïbe : Oxybelis "aeneus", Oxybelis fulgidus, Dipsas variegata, Epicrates cenchria ou encore Sibon nebulatus..., 3) le groupe guyanais (du massif des Guyanes) : Dendrophidion dendrophis, Leptophis ahaetulla, Micrurus psyches..., 4) le groupe néotropical (au sud du tropique du Cancer) : Boa constrictor, Bothrops atrox, Imantodes cenchoa, Leptodeira annulata..., et 5) le groupe méridional (limitrophe du tropique du Capricorne) : Chironius fuscus, Chironius scurrulus, Pseudoeryx plicatilis, Thamnodynastes pallidus...

Affûtées en journée, aiguisées et rêches de soleil. Vibrantes et nettes.

Odeurs de nuit, odeur de brume, douces et mouillées.

Dans un chablis tout frais, amertume des branches brisées comme des os, déchirées comme des muscles. Odeur qui heurte, odeur fétide du tronc qui souffre.

Odeurs de mare croupissante, chargées comme une haleine.

Odeur fade et triste, cafardeuse du fleuve et de sa vase, qui monte en vapeurs durant le balancement des marées. Et l’eau épaisse et sombre, figée, insensible et comme morte.

Odeur musquée, piquante ou astringente, fraîche, aigrelette des feuillages secoués et froissés, détrempés de pluie.

Lourde odeur de miel ou de pommade des fleurs de canopée.

Riche et fauve odeur bouchonnée d’humus. Odeur accueillante d’eau vive.

Odeurs spectrales qui refluent.

Assaillantes odeurs d’avertissement et de péril.

Mais par-dessus toutes celles-là, souveraine, l’odeur agreste de la latérite réverbérée de soleil.

- La ligne latérale des poissons : leur permet de ressentir très finement les mouvements de l'eau et les changements de pression. Ca les aide à fuir un prédateur, même ou surtout si les eaux sont turbides.

- Dans les eaux vraiment sales tout au long de l'année, certains poissons s'orientent grâce aux champs électriques qu'ils génèrent. Ex. les mormyrs. Ceux qui emploient ces champs électriques, les utilisent généralement aussi pour chasser : torpilles, anguilles électriques, mormyrs...

- L'écholocation : des ultrasons émis pour être ensuite renvoyés par un obstacle pour s'orienter dans les eaux turbides ou de nuit. (Cétacés et chauves-souris).

- Les ampoules de Lorenzini : concernent les Chondrychtiens (raies et requins), ces organes permettent d'identifier les champs électromagnétiques émis par les autres poissons, ainsi que les gradients de température.

- L'organe de Jacobson (ou organe voméronasal) : présent chez certains reptiles et amphibiens, certains mammifères aussi (pour le flehmen), il permet la réception des phéromones.

- L'oeil pinéal, ou oeil pariétal, ou 3ème oeil : chez les reptiles et les amphibiens : il s'agit de photorécepteurs thermosensibles qui aident l'animal à réguler son cycle circadien.

- Le Tapetum lucidum de l'oeil : aide certains mammifères, oiseaux et reptiles, la nuit, à réfléchir la moindre source lumineuse.

...  ...  ... ... ...

D'autres adaptations, qui ne sont pas des organes sensoriels, mais que je place là, parce qu'elles confèrent d'autres super-pouvoirs aux animaux :

La glande de Duvernoy :  Pas tout à fait une glande salivaire, pas encore une glande à venin, elle sécrète néanmoins une salive toxique. Présente chez certains reptiles opisthoglyphes / opisthodontes.

- Les denticules cutanés : de la peau des Chondrychtiens pour l'hydrodynamisme, tout comme leur squelette cartilagnieux, pour la fluidité des mouvements.

- Les plumes veloutées des Strigiformes : pour un vol silencieux.

« J’ai toujours eu le sentiment que les longues traversées se traduisaient chez moi par un nettoyage en profondeur de toutes les salissures amassées pendant un séjour à terre : aussitôt la côte perdue de vue, l’homme seul en face de son créateur ne peut rester étranger aux forces de la nature qui l’entourent. Bientôt il en fera lui-même partie, se simplifiant et se purifiant au contact de ces forces brutes qui l’environnent et l’absorbent.

Et c’est, je crois, ce besoin, non seulement de nouveauté, mais de propreté physique et morale, qui pousse le navigateur solitaire vers d’autres rivages, entre lesquels son corps et son esprit, libérés des attaches et des servitudes terrestres, peuvent retrouver leur essence et leur pureté au sein des éléments naturels dont les anciens avaient fait leurs dieux.

Vent, Soleil et Mer, Trinité du dieu des Marins. »

Bernard Moitessier, Vagabond des Mers du Sud

(...)
Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir (...)
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues
(...)
Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme des mers !
(...)
Amer savoir, celui qu'on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui !
(...)
Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !

                             Charles Baudelaire

J’arrivais du Brésil.

Je tenais le manuscrit de mon dernier livre à la main.

La tête encore pleine des rumeurs du voyage, les reins encore secoués par les cahots de la route, le corps mal équilibré sur la terre ferme après des jours et des semaines de balancement sur une houle qui me faisait soudainement défaut, au coeur, le sourire des femmes entrevues (…) enfiévré, soucieux, impatient de repartir, j’étais debout sur le seuil de cette librairie où je passe toujours en premier quand je débarque à Paris.

Une nuit dans la forêt (premier fragment d’une autobiographie) – 1929

Quand on a beaucoup voyagé à travers les pays, les livres et les hommes, on éprouve parfois le besoin de s’arrêter un jour…

Moravagine, (Préface)

J’ai le goût du risque. Je ne suis pas un homme de cabinet. Jamais je n’ai su résister à l’appel de l’inconnu. Ecrire est la chose la plus contraire à mon tempérament et je souffre comme un damné de rester enfermé entre quatre murs et de noircir du papier quand, dehors, la vie grouille, que j’entends la trompe des autos sur la route, le sifflet des locomotives, la sirène des paquebots, le ronronnement des moteurs d’avion et que je pense à des villes exotiques pleines de boutiques épatantes, à des pays perdus que je ne connais pas encore, à toutes les femmes que je pourrais rencontrer et avec qui je perdrais volontiers mon temps, aux hommes qui m’attendent peut-être, prêts à m’expliquer leur activité et à me faire gagner des tas, des tas d’argent.

Non, vraiment, écrire c’est peut-être abdiquer.

La Femme aimée (premières lignes)

"Vie dangereuse"

Aujourd'hui je suis peut-être l'homme le plus heureux du monde

Je possède tout ce que je ne désire pas

Et la seule chose à laquelle je tienne dans la vie chaque tour de l'hélice m'en rapproche

Et j'aurai peut-être tout perdu en arrivant

Feuilles de route

                                 "Iles"

Iles

Iles

Iles où l'on ne prendra jamais terre

Iles où l'on ne descendra jamais

Iles couvertes de végétations

Iles tapies comme des jaguars

Iles muettes

Iles immobiles

Iles inoubliables et sans nom

Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais bien aller jusqu'à vous

Feuilles de route

La nuit dernière, sur un layon savamment protégé... : Par ordre d'apparition :

Pian, l'opossum

  Tityus obscurus, le scorpion

 Grand tinamou, l'oiseau surpris dans son sommeil (encore appelé "perdrix" ici)

Dame Tartine, Theraphosa leblondi

 Intrépide, le caïman rouge

Un adulte vu au même endroit le 29/11/20

+ Caracara cheriway

La pompe à eau éolienne : Yeehaw !

Sous la nuée

Des trains de pluie comme des trains de houle, depuis 4 jours.

Pas celui de la dernière fois - un petit nouveau

Rhinella_margaritifera

Nyctidromus_albicollis

+ Leptodeira annulata - minuscule

... et les taons.

+ buses à tête blanche, buse à gros bec, buse buson, milans des marais, milan bec-en-croc... 

Plume de troglodyte familier, trouvée par Stéphanie.

...

A 15h15 - Myrmecophaga tridactyla

Couple de tityres gris et 2 Parides lysander mâles s'affrontant dans une joute ailée.

Rhinoclémide ponctuée dévorée par les moustiques

Fleurs mâles de Catasetum macrocarpum

Drosera capillaris

Zenithoptera viola

Et Mimi Siku joue la voix du GPS : "Dans 3m au tronc, baissez la tête !"... "Baissez la tête !" :)

Boana_boans

Stridulations

Je suis depuis tellement longtemps au contact des guêpes nocturnes que je n'y fais plus du tout attention - sauf quand elles essaient de s'attaquer à mes yeux !

2 hampes, les ultimes

3 Corallus hortulanus juvéniles, 1 Oxybelis aeneus subadulte. Maigre moisson et bonjour l'empreinte carbone.

Boana_boans

Une nuit fraîche, qui a déposé un léger voile de condensation sur la végétation.

Grand machaon porte-queue

Des pagailles d'Urania leila

Hero 7 Black

Femelle gestante et pas loin de la mise-bas.

Barboter en pleine nuit, de l'eau quasi jusqu'au cou, les bottes dans la vase pour approcher et identifier les grenouilles qui chantent, c'est fait !

17 chenilles sur une même plante

Mon 1er yapock, pas franchement farouche, qui prend le temps de me regarder bien en face.

Balade avec Julia ;)

Et un gâteau d'anniversaire de carbet inoubliable :)