La forêt, c'est un peu cela :
"Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend."
"Mon rêve familier", Verlaine
Un phasme que j'aime beaucoup et qu'on rencontre facilement : Creoxylus spinosus
"Entrer dans la forêt,
... c'est faire l'expérience d'une remontée concrète du temps, dans l'espace. Le corps avant l'esprit se souvient : "je suis chez moi ici", la mémoire du corps est sûre qui vous fait bête, proie ou prédateur, c'est-à-dire, sur le qui-vive. (...)
La forêt a des yeux de loup. (...) L'avantage de l'amateur généraliste sur le spécialiste ou l'expert, c'est qu'il ne peut jamais se faire confiance, il doit toujours tout vérifier, il n'a aucune théorie à défendre, c'est un éternel débutant. Si, parfois, l'intuition peut être juste, elle est souvent farfelue."
Fabienne Raphoz, Parce que l'oiseau (Carnets d'été d'une ornithophile) - 2018 chez Biophilia
Corydoras juvénile en attente d'identification
Moment magique - Quand Marcello Pettineo dont tu suis les publications avec éblouissement depuis des années te dit :
"Tiens, j'associerais bien mes dessins à tes photos. Le paresseux est un animal qui me fascine presqu'autant que le pangolin".
et voici le résultat : )
Un geste d'une grande générosité, d'une grande élégance, tout en simplicité.
Le lien vers les publications de cet artiste talentueux, chaleureux et passionné :
Nommer...
"Nommer, ce n'est peut-être pas tant exercer du pouvoir sur ce qui nous entoure, que naître de concert avec ce qui nous en distingue : le langage, du moins notre langage. Nous parlons et ne comprenons pas ceux qui -nous - parlent peut-être aussi dans cette langue ésotérique de cris et de chants, et je me rêve souvent en Champollion décryptant la pierre de rosette orale de leur syrinx. (...)
Nommer c'est peut-être posséder, mais sans dommages co-latéraux, voire, c'est aller plus loin, c'est dépasser ce stade de la possession (...)
Et puis, surtout, nommer, c'est bien ineffacer ce qui nous entoure, parce que les espèces, comme les individus, évoluent, disparaissent et que les individus meurent.
Nommer, c'est dire :
"je" t'ai vu(e),
c'est dire : je t'aime ou t'ai aimé(e),
si tu n'es plus.
(...)
Nommer, les langages, scientifique ou vernaculaire, ne sont finalement que variations multiples sur un même thème : une commune jubilation."
Fabienne Raphoz, Parce que l'oiseau (Carnets d'été d'une ornithophile) 2018, Chez Biophilia
"Tous les espaces sonores, pour moi, ont la force évocatrice d'un souvenir d'enfance. Est-ce que le son s'enfouirait dans la mémoire profonde, longtemps après que le voyage, comme un rêve, se serait effiloché par bribes difficiles à recoudre, est-ce que le son, à quelque instant de l'empreinte que ce soit, irait remonter le cours des souvenirs jusqu'à leur origine pour s'y nicher ?"
Fabienne Raphoz (ibidem)