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Ciel de Case
19 mars 2021

"L'Estasi dell'Oro"...

Fin d'après-midi, les courtes averses drues se succèdent.

Tiens, un type au milieu de nulle part, avec rien sur lui. Il "promène" un pikolèt. Râblé, pantalon treillis, crâne rasé, visage luisant, fermé. Quelques kilomètres plus loin, un autre. Jeune, beau garçon, air-pods aux oreilles, le pas souple, chargé d'un sac à dos et de petites touques. Ca sent le barrage de la maréchaussée pas loin. Bingo. Après 10mn à vitesse modérée j'arrive devant 2 gros camions militaires qui bloquent la route. Une fourgonnette bleue est garée à proximité, une tente installée sur la zone dégagée. "Contrôle de gendarmerie. Qu'est-ce que vous venez faire ici ?" J'ai l'appareil photo sur les genoux, le zoom déployé.  "Des photos, mais bon, je vais faire demi-tour." J'adore l'air dubitatif et soupçonneux qu'ils tiennent à se donner toujours. Mon nom va remonter à la préfecture. Ils sont à 200m de l'entrée de la piste qui au bout de 15km mène à un camp d'orpaillage illégal, mais non. Mitraillette en travers de la poitrine, ils font la circulation, contrôlent les usagers, et les Brésiliens, bien plus malins, leur échappent en empruntant la forêt.

Mes plans contrariés, je rebrousse chemin, poursuis ma route. Au retour, je recroise le jeune qui s'est assis, son paquetage autour de lui, pas inquiet, et qui attend qu'on le récupère. Ils sont forts quand même.

17h40. Un Oxybelis fulgidus de belle taille vient d'être écrasé. Damned.

Averses brutales éparses et tiédeur. 17h55. Un second Oxybelis fulgidus adulte tout juste écrasé. Hélas.

Je suis pas mal dépitée. 4 sorties sans croiser un seul serpent vivant, ça devient décourageant, et frustrant. Encore une sortie à brûler de l'essence et contribuer aux émissions à effet de serre pour trois fois rien.

Je m'installe pour attendre la nuit. J'effarouche quelques ibis verts. Les chants du crépuscule emplissent l'espace, beaux et mystérieux. Ca a toujours été un de mes moments préférés.

Turdus_fumigatus (le merle cacao).

Chant couvert par le flux de la crique.

Merci à Alexandre Vinot ! ;)

 

Sans grande conviction, je retourne au layon où j'ai si souvent traîné mes bottes. Je n'espère plus revoir mes Phyllomedusa bicolor, mais alors que j'approche de la mare, je perçois un bref vibrato sourd, discret. C'est sûr, il y en a au moins une. Oui ! Je la trouve ! Je fouille des yeux, j'en repère une seconde. Petit et même grand réconfort. Elles boudaient la mare depuis si longtemps ! Je ne les embête pas, je passe. Heureuse.

On n'entend pas les Boana boans, il faut dire qu'elles ont eu leurs heures de gloire en novembre.

Au retour je trouve une magnifique femelle de Periphloea santara aux riches nuances de vert. Impossible de la photographier convenablement : le flash débloque complètement, je n'ai plus de contrôle depuis le boîtier, tout est surexposé. Merci l'obsolescence programmée. Ca fait suer franchement. Nouvel achat à prévoir d'urgence.

De retour à ma voiture, je fouille une dernière fois les alentours. Il y a des branchages entassés là après débardage, et sous les branches, un oeil rouge. Franchement, ça vaut le coup d'aller vérifier pour un bête leptodactyle géant ? Ouais, au cas où. J'ai bien fait, il s'agit d'un pac ! Il me tourne désormais le dos, mais reste immobile. Si j'allongeais le bras, je pourrais le toucher, mais je tente plutôt des photos. Il sent très fort le musc, c'est un mâle, pas de doute. Il finit quand même par détaler.

22h10. Se présente en bord de route ce "grand" serpent arc-en-ciel timide. Il va traverser, mais s'arrête quand je viens à sa rencontre. Je m'approche, repars à la voiture, récupère mon matos photo. Il avance de quelques centimètres. Je retourne à la voiture éteindre mes phares pour préserver ma batterie. Il s'est immobilisé à nouveau. Je l'éclaire indirectement. C'est le premier adulte que je trouve, il fait approximativement 1,10m, bien portant mais sans réserves. Sur l'asphalte rugueux, il avance en ligne droite. Accroupie, téléphone en main pour filmer, je le regarde contracter les muscles de son ventre dans sa reptation rectiligne, émerveillée comme quand j'étais petite fille. Quand il a rejoint l'autre côté de la route, je lui fais face, il se replie sur lui-même, je tente des photos mais mon foutu flash me les fait louper. Il repart en serpentant en bordure de route, alors je le porte en lisière de la forêt en surplomb, dans la direction où il se rendait au moment de traverser. 

Epicrates cenchria

Il a malheureusement une tique fichée sous l'oeil.

Epicrates cenchria

Epicrates cenchria

Le trident dessiné sur la tête.

Je ne suis jamais tombée que sur des individus cool. 

 

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  • Après Bleu Banane. Carnet de terrain alimenté au gré de mes rencontres en Guyane française. Puissent la Terre et sa biodiversité survivre à notre folie. Bien qu'elles ne soient pas signées, toutes les photos présentées sur ce blog sont ma propriété.
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